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Cette prison qui « reste à vider », c’est le donjon du Temple.

À plusieurs reprises durant ce mois de septembre, des groupes de sans-culottes sont venus hurler leur haine du « gros cochon », de la « putain ».

Ils ont tenté de forcer les portes percées dans le nouveau mur d’enceinte que la Commune a fait construire autour du donjon.

Souvent aussi des geôliers, qui surveillent chaque geste de Louis, de sa sœur Élisabeth, de Marie-Antoinette et de ses deux enfants, Madame Royale âgée de quatorze ans, et le dauphin Louis qui a à peine sept ans, ont couvert le roi d’injures, l’ont menacé. Ils lui ont rappelé le sort de l’amie de la reine, la princesse de Lamballe, dont les assassins ont promené la tête tranchée autour du donjon, et abandonné le corps mutilé au pied des murs.

« Le roi de Prusse marche sur Châlons, a-t-on crié à Louis. Vous répondrez à tout le mal qui peut en résulter. Nous savons que nous, nos femmes, nos enfants périrons, mais le peuple sera vengé, vous mourrez avant nous. »

Le roi fait face, interrompt le sans-culotte.

« J’ai tout fait pour le peuple, je n’ai rien à me reprocher. »

Il parle d’une voix calme et forte. Il dit à Cléry, le valet de chambre qui, dévoué, a voulu rester au Temple et continue de servir la famille royale :

« J’exige de votre zèle de ne rien me cacher. Vous ne pouvez me donner une plus grande preuve d’attachement. Je m’attends à tout. »

Des travaux ont été entrepris dans la grande tour du Temple, sans doute va-t-on y installer les prisonniers, isoler Louis de sa famille.

« Tâchez de savoir le jour de cette pénible séparation, dit-il à Cléry, et de m’en instruire. »

Sa seule consolation pourtant, dans cette prison, consiste à voir les siens, à enseigner à ses enfants, à jouer au tric-trac avec Marie-Antoinette.

Elle l’émeut.

Il imagine ses souffrances. Elle a trente-sept ans, un an de moins que lui, mais l’angoisse, la détention, l’ont marquée. Ses cheveux ont blanchi, ses traits se sont affaissés. Elle ressemble à une vieille femme, et souvent elle pleure, ou défaille, serrant ses enfants contre elle, ou bien priant avec sa belle-sœur, qui paraît bien plus âgée que ses vingt-huit ans.

Louis sent la mort qui rôde au-dessus d’eux, et d’abord de lui-même et du dauphin, souffreteux et apeuré.

Et un garde municipal a lancé, un jour, que cet enfant était le seul à lui faire pitié mais « qu’étant né d’un tyran, le fils Capet devait mourir ».

 

Louis sait que la seule manière de contenir l’angoisse et de lutter contre la peur, c’est de s’arrimer à ses habitudes.

Il se lève à sept heures. Il prie Dieu jusqu’à huit, s’habille en même temps que le dauphin, monte déjeuner chez Marie-Antoinette en famille. Puis leçons pour les enfants jusqu’à onze heures. Promenade si les gardiens l’autorisent, « dîner », jeu de tric-trac et de piquet. Louis après se retire, pour dormir, attendre six heures, où il reprend son enseignement, jusqu’à l’heure du souper à neuf heures du soir.

Louis se couche vers onze heures.

Il se refuse à commenter les événements, parce qu’il veut conserver son impassibilité, ne pas s’épancher et ne pas montrer ses faiblesses, tenter ainsi de rassurer Marie-Antoinette, digne, mais succombant à des accès de désespoir.

Quand, le 21 septembre, Louis entend des sonneries de trompette, des roulements de tambour, des cris de « Vive la nation ! », il ne lève même pas la tête.

Tout à coup, le silence, et une voix qui déclame :

« La Convention nationale réunie vient de décréter que la royauté est abolie en France. »

 

Ce 21 septembre 1792 est un vendredi, jour maigre, mais au nom de l’égalité, on refuse à la famille royale de lui servir du poisson ou des légumes.

Vers midi, douze commissaires envoyés par les députés de la Convention réunis aux Tuileries sont venus informer l’Assemblée législative, qui tient séance salle du Manège, qu’il s’agit là de la dernière et que les conventionnels vont s’installer, à la place des légistes, dans cette même salle.

Et sous les acclamations, avec des roulements de tambour, les députés à la Convention s’installent.

Et déjà Marat, qui a été élu à Paris, par quatre cent vingt voix sur sept cent cinquante-huit votants, proteste.

Les tribunes de la salle du Manège réservées au « peuple » ne comptent que trois cents places ! Il faut, déclare Marat, absolument assurer la place à quatre mille spectateurs.

« La Convention nationale doit être sans cesse sous les yeux du peuple, afin qu’il puisse la lapider si elle oublie ses devoirs », ajoute Marat.

Les députés s’écartent de lui.

Le maire de Paris Pétion, qui a été désigné comme président de la Convention, et les membres de son bureau qui sont tous girondins, s’insurgent, condamnent Marat.

Des placards signés de « l’Ami du peuple » sont affichés aux carrefours, réclament un « gouvernement de main forte », un triumvirat, dont Marat ferait partie en compagnie de Danton et de Robespierre. Et certains de ces appels vont jusqu’à proposer la dictature à Danton.

Les Girondins du bureau de la Convention s’indignent, dénoncent Marat, ses « placards désorganisateurs qui ne cessent point depuis plusieurs jours d’appeler une forme de gouvernement qui inspire de justes alarmes ».

Les Girondins affirment même qu’il existe un « dangereux complot tramé par la députation de Paris ».

 

Ainsi la Convention s’est-elle à peine réunie qu’on s’y déchire, qu’on s’y suspecte, qu’on s’y accuse.

Les Girondins – peut-être soixante-cinq députés, dont Brissot, Vergniaud, Condorcet, Barbaroux – sont décidés à en finir avec cette Commune de Paris, son Comité de surveillance. Dans les salons de Manon Roland ou de Madame Condorcet, on répète que Paris est une « ville nourrie de sang et de mensonges ».

Marat, y dit-on, n’est qu’un « fou atrabilaire », un « criminel », l’un des responsables majeurs des massacres de début septembre. Et qui a même signé des ordres de visite domiciliaire d’une centaine de Girondins, parmi lesquels Brissot.

 

Mais le grand adversaire de la Gironde, c’est la Montagne.

Ces Montagnards – Danton, Robespierre, Fabre d’Églantine, Camille Desmoulins, Collot d’Herbois, Billaud-Varenne, David, Camot, Saint-Just qui, élu de l’Aisne, est à vingt-cinq ans le plus jeune des députés de la Convention, et même ce Philippe Égalité ci-devant duc d’Orléans ! –, tous ceux-là pour les Girondins ne rêvent que de dictature, au nom du salut public.

Et en outre, s’ils ne soutiennent pas Marat, ils le protègent.

Entre Girondins et Montagnards, il y a ces centaines de députés – peut-être six cents sur sept cent quarante-neuf, dont Sieyès, Cambacérès, Boissy d’Anglas – qui composent ce qu’avec mépris, les Montagnards ou même les Girondins appellent la Plaine, le Marais, qui se tassent, se terrent, « restent immobiles » au moment des grands affrontements, mais qui composent la majorité de la Convention, et peuvent faire et défaire les pouvoirs de ceux qui, Girondins ou Montagnards, veulent gouverner la Convention et le pays.

 

Les députés à la Convention en ce premier jour s’observent, se regroupent, là autour de Brissot, ici autour de Danton. Et il y a tous ceux qui errent, qui arrivent de leurs départements, qui suspectent la députation de Paris de vouloir imposer tous ses projets.

Voici Danton qui monte à la tribune.

Il annonce qu’il veut « résigner les fonctions qui m’avaient été déléguées par l’Assemblée législative. Je les ai reçues au bruit du canon dont les citoyens de la capitale foudroyèrent le despotisme. Maintenant que la jonction des années est faite, que la jonction des représentants est opérée, je ne suis plus que le mandataire du peuple ».

C’est le brouhaha.

Danton tente ainsi de se dégager de ces projets de dictature, de triumvirat qu’on lui prête, et que semblent confirmer les « placards » de Marat.

Danton lève la main, réclame le silence.

Il faut des lois répressives, dit-il, pour que le « peuple » ne châtie pas lui-même.

Il faut que toutes les propriétés soient « éternellement maintenues ».

Il faut une nouvelle Constitution, ratifiée par le peuple dans ses assemblées électorales.

Et cette Constitution doit décréter que « les personnes et les propriétés sont sous la sauvegarde du peuple français ».

On applaudit.

Le Marais approuve : on veut dans les départements que les propriétés soient protégées !

Et à l’unanimité, sur proposition de Collot d’Herbois et de l’abbé Grégoire, on décide que « la royauté est abolie en France ».

Et le lendemain, le samedi 22 septembre 1792, Billaud-Varenne fait voter la proposition selon laquelle tous les actes publics seront, à partir de ce même jour, datés de « l’An I de la République ».

Robespierre murmure que la République s’est « glissée furtivement, de biais, dans nos résolutions ».

Et le libraire Ruault, qui date sa lettre de « l’an Ier de la République », exalte ce régime nouveau et écrit :

« Le vote a été l’affaire d’un quart d’heure, elle a passé d’emblée sans discussion ni amendements. De sorte que la chose du monde la plus importante a été la plus facile à faire. Si tous les membres au nombre de sept cent cinquante eussent été réunis, il y aurait eu probablement quelque contradiction. Il semble qu’on ait voulu faire un coup fourré. On y a réussi jusqu’à présent.

« J’aime assez le système républicain, poursuit-il, il bannit la haute morgue de la société, il rend les hommes plus égaux, plus fiers, le mérite y obtient la récompense qui lui est due… »

 

Mais on entend peu dans les heures qui suivent crier « Vive la République ! ».

Et Gouverneur Morris écrit :

« Rien de nouveau aujourd’hui, sinon que la Convention s’est réunie et a déclaré qu’il n’y aurait plus de roi. »

En fait Louis XVI n’est plus, depuis le 10 août

1792, que Louis Capet, ci-devant roi de France, ou des Français.

La victoire de Valmy, connue à Paris à la veille de l’institution discrète de la République, a donné un élan originel au nouveau régime.

« Ce jour de Valmy a été décisif pour le salut de la patrie, écrit le Journal des hommes libres. Il a procuré le double avantage de ralentir l’ardeur des Prussiens et d’augmenter celle de nos braves défenseurs. Et c’est aussi ce jour même que sous de si heureux auspices, se sont réunis les citoyens élus par le peuple pour le représenter et lui proposer un pacte social et une forme de gouvernement. »

 

Mais déjà, après seulement quatre jours, les déchirures s’élargissent, les oppositions – les haines –, les suspicions s’expriment.

Le mardi 25 septembre, Marat dénonce un complot fomenté contre lui, contre la députation de Paris.

Il accuse les Girondins :

« Le 25 de ce mois, dit-il, est le jour fixé pour décrier la députation de Paris, écraser Robespierre, Panis – un avocat jacobin, proche de Danton –, Danton, et faire égorger Marat par le glaive de la tyrannie… »

Il dénonce « la clique brissotine », qui veut le faire « égorger par des brigands apostés »… ces deux huissiers chargés de l’arrêter si on vote contre lui un acte d’accusation. Lui-même a fait asseoir dans les travées, à la place de députés, des citoyens chargés de l’applaudir.

Et le président de séance a dû les inviter à quitter « l’enceinte de la salle ».

 

La tension est vive.

Un député, Lasource, déclare qu’il y a un parti qui veut « despotiser la France » après avoir « despotisé la Convention nationale ».

On proteste, on s’exclame.

Lasource poursuit : « Il faut, dit-il, réduire Paris à un quatre-vingt-troisième d’influence », qu’il ne pèse pas plus qu’un quelconque des quatre-vingt-trois départements !

Danton s’insurge.

« Je n’appartiens pas à Paris, aucun de nous n’appartient à tel ou tel département. Il appartient à la

France entière… Je déclare la peine de mort contre quiconque voudrait détruire l’unité en France. »

On vote. On proclame que la « République est une et indivisible ».

 

Mais les haines et les soupçons demeurent.

Danton répète qu’il n’est en rien « l’instigateur des placards et des écrits de Marat ».

Cet homme-là, martèle-t-il, est « un être nuisible à la société ».

Les premiers cris « Marat à la guillotine ! » se font entendre.

Robespierre monte à son tour à la tribune.

Lui aussi prend ses distances avec Marat.

Il n’a à aucun moment l’intention de faire partie d’un « triumvirat ».

« Loin d’être ambitieux, j’ai toujours combattu les ambitieux », assure-t-il.

On l’interrompt. On murmure. On lui lance : « Abrégez ! »

Sa voix devient plus aiguë :

« Je sens qu’il est fâcheux pour moi d’être toujours interrompu… Je n’abdiquerai point. »

Il n’est pas applaudi quand il descend de la tribune.

On attend Marat.

Le voici, bousculé, entouré de députés qui crient : « À la guillotine ! À la guillotine ! »

Il empoigne la tribune. Il disculpe Danton et Robespierre « qui ont constamment repoussé la dictature ».

Il est seul coupable d’avoir voulu, pour déjouer les complots d’une Cour corrompue, « placer la hache vengeresse du peuple entre les mains d’un dictateur… Et si c’est un crime j’appelle sur ma tête la vengeance nationale ».

Il sort de sa ceinture un pistolet et l’appuie sur son front :

« Je suis prêt à me brûler la cervelle sous vos yeux. »

L’Assemblée est comme paralysée. Elle ne votera pas la mise en accusation de Marat, se contentera de ses explications et « passera à l’ordre du jour ».

Mais on n’oubliera rien de ce premier débat de la Convention.

 

Rancœurs, rancunes, humiliations, haines : ces députés qui, unanimes, ont « aboli la royauté pour la France » et proclamé « la République une et indivisible », s’infligent des blessures d’amour-propre qui enveniment, exacerbent les oppositions politiques.

 

Maximilien Robespierre, vexé par l’accueil presque méprisant de la Convention, s’est réfugié dans la maison des Duplay.

Il est, comme chaque fois qu’il est soumis à une tension trop forte, malade, la tête percée de migraines. Madame Duplay et ses filles Élisabeth et Éléonore, mais aussi Charlotte, la sœur cadette de Maximilien qui s’est installée chez les Duplay, « l’entourent de mille soins délicats. Il est excessivement sensible à toutes ces sortes de choses dont les femmes seules sont capables ».

Et Charlotte, qui le note, s’en irrite. « Je résolus de tirer mon frère de ces mains et pour y parvenir je cherchai à lui faire comprendre que, dans sa position et occupant un rang aussi élevé dans la politique, il devait avoir un chez-lui. »

Augustin Robespierre qui, à vingt-quatre ans, vient d’être élu à la Convention grâce à l’influence et à la notoriété de Maximilien, s’est lui aussi installé chez les Duplay, dans un appartement non meublé sur la rue du Faubourg-Saint-Honoré.

Maximilien, ainsi, a perdu le havre de tranquillité que lui offraient les Duplay.

Le revoici dans sa « famille d’Arras », cédant à Charlotte, s’installant avec elle, rue Saint-Florentin non loin de la Convention, regrettant aussitôt les Duplay.

« Ils m’aiment tant, confie-t-il, ils ont tant d’égards, tant de bonté pour moi qu’il y aurait de l’ingratitude à les repousser. »

Et finalement il retourne chez les Duplay, laissant Charlotte ulcérée, persuadée que Madame Duplay rêve de marier sa fille Éléonore à Maximilien. Celui-ci se dérobe et Charlotte incite Augustin à se déclarer, à épouser Éléonore.

Mais la vie privée des deux frères est emportée par le torrent impétueux de la Révolution, auquel aucun de ceux qui jouent un rôle ne peut échapper.

 

Marat, qui a évité l’acte d’accusation, enrage contre ces députés, ses collègues.

Ce ne sont à l’entendre que des « cochons », des « bourgeois », des « trembleurs », des « imbéciles ».

« À voir la trempe de la plupart des députés à la Convention nationale je désespère du salut public », lance-t-il.

On crie : « À bas Marat ! »

Il siège, sur un banc isolé, car qu’on soit de la Gironde, de la Montagne ou de la Plaine, personne ne veut s’afficher à ses côtés. On méprise son accoutrement, ces sortes de turbans dont il s’enveloppe, son teint bistre. On éprouve du dégoût pour sa maladie de peau.

Il répond coup pour coup :

« Je rappelle mes ennemis personnels à la pudeur. Je les exhorte à s’interdire des clameurs furibondes et des menaces indécentes contre un homme qui a servi la liberté et eux-mêmes plus qu’ils ne le pensent. »

Il inquiète. Il soupçonne déjà Danton d’être un corrompu, attiré par le plaisir. « Il me faut des femmes », avoue Danton.

Et surtout, Danton soutient le général Dumouriez qui, au lieu de poursuivre et d’écraser les vaincus de Valmy, négocie avec le duc de Brunswick un retrait paisible des troupes prussiennes !

Et Danton est tenu jour après jour au courant de la négociation, puisqu’il a délégué auprès de Dumouriez l’un de ses proches, l’ancien écuyer du comte d’Artois, le colonel Westermann, commandant de la région du Nord.

 

Danton se méfie donc de Marat, même s’il sait que ses principaux ennemis sont les Girondins, cette Manon Roland qui le poursuit de sa haine, peut-être simplement parce qu’il n’a pas paru sensible à ses charmes, et qu’elle est une séductrice impérieuse, imposant ses idées à son époux, à Barbaroux, à Brissot, à l’état-major girondin.

Et lorsque, le 29 septembre, la Convention décide que les ministres ne peuvent être choisis parmi les députés – façon d’exclure Danton de son poste de ministre de la Justice – mais que les Girondins demandent que la mesure ne s’applique pas au ministre de l’intérieur Roland, Danton s’étonne, se moque, blesse à jamais les Girondins, nourrit la haine que Manon Roland lui porte.

« Personne ne rend plus justice que moi à Roland, s’écrie-t-il. Mais je lui dirai si vous lui faites une invitation, faites-la donc aussi à Madame Roland, car tout le monde sait que Roland n’était pas seul dans son département ! »

Les députés de la Plaine, les « trembleurs », n’osent rire !

Et les Girondins s’indignent.

Mais Danton poursuit :

« Je rappellerai, moi, qu’il fut un moment où la confiance fut tellement abattue qu’il n’y avait plus de ministres et que Roland eut l’idée de sortir de Paris ! Il n’est pas possible que vous invitiez un tel citoyen à rester au ministère ! »

La rage saisit les Girondins et il ne leur reste qu’à attaquer Danton, à l’accuser eux aussi de corruption, à dénoncer ses complices Fabre d’Églantine et Camille Desmoulins.

À lui reprocher d’avoir, au ministère de la Justice, choisi comme juges des citoyens non en fonction de leur compétence – « la justice doit se rendre par les simples lois de la raison », dit Danton – mais de leur fidélité à l’esprit sans-culotte.

« Tous ces hommes de loi sont d’une aristocratie révoltante », dit l’ancien avocat Danton. Il veut révolutionner cela !

Dès lors, on ne le croit pas, quand il prône la « réconciliation », l’« explication fraternelle », l’« indulgence ».

On le soupçonne de duplicité.

Il couvre les négociations avec Brunswick, au prétexte de détacher la Prusse de l’Autriche.

Rêverie, puisque le roi de Prusse n’accepte de négocier qu’avec le roi de France, et il n’y a plus de roi ! Mais une République.

Et c’est le même Danton qui lance :

« Nous avons le droit de dire aux peuples, vous n’aurez plus de rois… La Convention nationale doit être un Comité d’insurrection générale contre tous les rois de l’Univers. »

Et qui après avoir à la fois négocié, évoqué cette insurrection générale, affirme le 4 octobre 1792 :

« Je demande qu’on déclare que la patrie n’est plus en danger… Le principe de ce danger c’était la royauté. Vous l’avez abolie. Loin d’avoir à craindre pour notre liberté nous la porterons chez tous les peuples qui nous environnent. »

Que pense et veut vraiment Danton ?

 

À Königsberg, en cette fin septembre 1792, le philosophe Kant apprend que la République est proclamée en France :

« Maintenant je puis dire comme Siméon : laisse partir ton serviteur, Seigneur, car j’ai vécu un jour mémorable. »

Le Peuple et le Roi
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